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Justice est rendue aux Harkis

Election présidentielle oblige

A Perpignan, le président-candidat a reconnu officiellement la "responsabilité historique" de la France dans ''l'abandon des harkis" après la fin de la guerre d'Algérie en 1962. Un geste que ces soldats algériens et leurs descendants attendaient depuis 50 ans.

On pourrait ajouter : ainsi que tous ceux qui ont eu à commander ces soldats et autres qui ont partagé avec eux les mêmes moments, les mêmes combats.

Témoin de cette époque et étant monté des djebels sur Alger avec le commando de chasse L 134 composé de deux sections Harkis, pour souligner et faire  connaître la non-prise en considération des harkis dans les tractations des accords d’Evian. Tractations dans lesquelles aucune considération n’étaient prise vis à vis d’eux. Le général de GAULLE se ralliait au desiderata des représentants FLN qui les considéraient comme traître à l’Algérie. 

Ils oubliaient, qu’à l’époque, les Harkis étaient considérés comme tous les autres algériens comme étant français et qu’ils n’étaient qu’en désaccord avec une formation politique subversive appelée FLN.

Il était aisé d’en déduire ce que serait le sort des Harkis que le gouvernement avait entraîné à prendre position en faveur d’une Algérie française dont il savait déjà qu’elle ne serait plus. Puisque rien n’était envisagé pour les protéger, leur sort était pratiquement scellé et du fait qu’il était prévu que les harkis devaient être désarmés et devenir à la merci du FLN.

Le grand public a appris, beaucoup d’années plus tard, que des ordres avaient été donnés et des ordonnances signées  par Pierre MESSMER,  alors ministre des Armées de 1960 à 1969, et ancien soldat d’active (...), d’interdire par tous les moyens aux Harkis de venir en France.

Bon nombre d’entre eux ont été refoulé et remis sur le bateau à leur arrivée à Marseille pour un retour en Algérie, alors que sévissaient déjà des exactions innommables  dignes du moyen âge, envers ceux restés en Algérie. Et cela en présence de militaires français encore sur place, qui avait l’ordre de ne pas intervenir.

Certains ont pu y réussir grâce à l’intervention d’officiers qui ont bravé, dans leur dignité, ces ordres ignominieux. Aussi par certaines filières qui se sont organisées. Mais cela a été bien peu en considération des 150 000 Harkis exécutés et morts dans d’atroces conditions.

Mais acceptés en France se sont retrouvés parqués dans des camps infâmes et dans des conditions parfois inhumaines en remerciements du choix de la France qu’ils avaient fait et des risques pris pour elle.

Ils ont souffert de leur non reconnaissance, de l’injustice, des vexations qui leur ont été faites mais également leur famille et leur descendance sur plusieurs générations qui ont eu à subir et à souffrir de cette situation.

Une exception a été faite, comme pour se donner bonne conscience, et encore du bout des doigts celle donnée au Bachaga Saïd BOUALAM dont le témoignage ci-dessous est éloquent :

« Il y a 50 ans, le 10 décembre 1958, le Bachaga Saïd BOUALAM était élu vice-président de l’Assemblée nationale. Au cours de son assemblée générale, au Sénat, dans l’enceinte de la chambre haute du Parlement de la République, le CLAN lui a rendu hommage. Saïd BOUALAM, décédé en 1982, était né à Souk-Ahras le 2 octobre 1906. Officier de l’Armée française, Maire de Lamartine, député, il était Commandeur de la légion d’Honneur, Croix de guerre (39/45) avec deux citations, croix de la valeur militaire (2 citations) Bachaga de l’Ouarsenis, il devient responsable de la harka de la région en juillet 1956, mais son autorité morale très vite s’étend bien au-delà de sa harka. Une autorité et une réputation qui en font une cible privilégiée. Il paiera extrêmement cher son engagement. Trente-deux membres de sa famille tués, dont l’un de ses fils, un de ses gendres et son frère.

Après le 19 mars 1962, des milliers de membres de sa harka seront assassinés. A l’Assemblée nationale, le 5 juin 1962, il dénoncera ces crimes et lancera un appel poignant : Mesdames Messieurs, depuis 18 ans ma place était parmi les miens en Algérie. Pendant ce temps vous arrêtiez notre destin. Je reviens aujourd’hui vous demander qu’avez-vous fait de nous ? J’ai servi la France après mon père pendant 56 ans. J’ai donné au pays un de mes fils. J’ai été loyal jusqu’au bout. J’ai engagé tous les miens "…. " Pourquoi n’avez-vous pas depuis des mois regroupé et protégé tous ceux qui sont désarmés ? Pourquoi menacer de sanctions les officiers qui se sentent jusqu’au bout responsables de la vie de leurs hommes et organisent leur retour vers la France ? ... " " Il est encore temps.

La France sait être grande et généreuse il s’agit dans ce désastre de sauver l’honneur de notre patrie »

Le 18 mai 1962, avec ceux qu’il avait pu sauver du massacre, il devait s’installer à la limite de la Camargue au "mas Thibert"; endroit qui est vite devenu lieu de rassemblement puis de recueillement »

Une pensée toute particulière  pour le Commandant GUIZIEN, qui était le chef du 2ème bataillon du 94°RI et pour le capitaine Claude GIRARD, décédé général de Brigade, qui était le chef de la 5ème Cie du 2/94° RI qui était commando de chasse avec deux sections de Harkis. Tous deux montés à Alger en mai 1961 avec le commando de chasse L 134  pour manifester contre l’injustice faite aux Harkis.

Le Commandant GUIZIEN a été condamné pour son « insubordination » et le Capitaine GIRARD s’est tenu à témoigner à son procès pour la défense des idées de justice et de fidélité qu’ils avaient pour les hommes qu’ils commandaient.

Que justice leur soit rendue en ce jour du 14 avril 2012 de reconnaissance, car c’est aussi les reconnaître dans le courage de leur démarche malgré les risques encourus.

Justice également pour tous ceux qui se sont battus ou qui ont témoigné pour que cette justice soit rendue aux Harkis.

Une erreur réparée atténuera bien des rancœurs alors qu’elle reconnaît l’injustice et finira par cautériser les blessures causées  en rétablissant la vérité..

Guy Wingertsmann

 --->   Lettre au Président N. SARKOSY

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