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30 - 2 La bataille de France - 1814

 

CONTEXTE 6ème COALITION

La bataille de France (suite)

LA FIN DE L'EMPIRE VICTORIEUX

 La campagne de France, c'est "l'épopée d'une poignée de grognards et de conscrits, courant sous la bise aigre de Champagne, pour surprendre et battre deux armées quatre ou cinq fois supérieures en nombre" selon le commandant Lachouque. Notre Empereur un peu vieillit reprit soudain les bottes du jeune général Bonaparte. Et c'est ici qu'il va montrer la véritable mesure de son génie. La campagne de France est un chef-d'oeuvre sur le plan militaire, les victoires françaises ne contredisant pas cette affirmation : Brienne, Reims, Arcis-sur-Aube, Vachaumps, Mormant, Champaubert, Montereau...

Au terme d'une brillante mais désespérée campagne de France, Napoléon Ier va réussir à placer sa petite armée entre les deux armées coalisées de Blücher et Schwarzenberg. Pendant tout le mois de février et les premiers jours de mars, il n'aura de cesse de passer d'une armée à l'autre leur infligeant une série de défaites partielles. Mais les dernières batailles (Craonne le 7 mars et Laon les 9 et 10 mars contre l'armée de Blücher) ont été particulièrement meurtrières pour l'armée française et n'ont apporté aucun avantage décisif.

Début du Congrès de Châtillon 

Le 3 février, un nouveau congrès s'ouvre à Châtillon (Côte-d'Or) entre les quatre grandes puissances alliées et la France. Il est composé du comte Stadion, baron Humboldt, comte Razoumvski, respectivement pour l'Autriche, la Prusse et la Russie. Le Royaume-Uni y est représenté par les lords Aberdeen, Callicart, et le général Charles Stewart ; le ministre Castlereagh est présent. Le duc de Vicence, ministre des Relations étrangères (et beau-frère de Saint-Aignan), représente la France et a obtenu de Napoléon carte blanche pour signer un traité de paix. Mais les Alliés précisent leurs conditions, exigeant que la France retrouve ses frontières de 1791, et refusent qu'elle prenne part à la future réorganisation de l'Europe (Napoléon a mis sur le trône de pays conquis de nombreux membres de sa famille, dont le sort est donc incertain). Quand Napoléon apprend ces conditions, le maréchal Berthier et le duc de Bassano, qui se trouvent auprès de l'Empereur, lui conseillent de les accepter, mais il s'y refuse.

Les négociations sont interrompues le 8 février.

Batailles de Champaubert, Montmirail et Vauchamps

Pendant ce temps, les combats continuent : les armées de Blücher et Schwarzenberg prennent le contrôle de Châlons-sur-Marne et de Troyes, et se dirigent vers Paris en suivant les vallées de la Marne (Blücher) et de la Seine (Schwarzenberg). Napoléon tente de manœuvrer et de se glisser entre ces deux groupes afin d'attaquer Blücher sur son flanc. Près de Sézanne, à Champaubert, le 10, puis le lendemain plus au nord à Montmirail, Napoléon remporte deux victoires qui lui ouvrent le chemin vers l'armée de Blücher. Le 14, à Vauchamps, Napoléon remporte une victoire nette contre l'armée de Blücher, qui recule jusqu'à Châlons.

Pendant ces cinq jours de combat, on estime que Napoléon cause aux alliés la perte d'au moins 25 000 hommes, tant tués que blessés, ou faits prisonniers. Il retrouve dans ces circonstances toute l'activité et la chance de ses premiers faits d'armes en Italie. Mais cela n'amène aucun résultat avantageux et définitif. Les pertes des alliés sont insignifiantes, compte tenu de l'immensité des ressources dont ils peuvent disposer, et aux nombreux renforts qui leur arrivent sans cesse pour grossir leurs rangs ou en remplir les vides, tandis qu'il est presque impossible aux armées françaises de recruter, l'ennemi occupant une bonne partie du pays et la défaite paraissant certaine. Napoléon n'exploite pas sa victoire, mais dirige son armée vers le sud-ouest, à marche forcée, pour barrer la route à l'armée de Schwarzenberg qu'il parvient à arrêter et à repousser le 18 février à la bataille de Montereau. C'est pendant cette bataille que Napoléon dit à ses soldats étonnés de le voir s'exposer au feu de l'ennemi : « Rassurez-vous, mes enfants, le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu ».

Fichier:Battle of Montmirail 1814.jpg

La bataille de Montmirail,

Le succès qu'il vient d'obtenir ranime les espérances de Napoléon ; il écrit directement à son beau-père qu'il veut une paix rapide basée sur des conditions moins humiliantes que celles qu'on lui a faites à Châtillon ; en même temps, il écrit à son plénipotentiaire Caulaincourt « La providence a béni nos armes ; j'ai fait 30 à 40 000 prisonniers, j'ai pris 200 pièces de canon, j'ai détruit plusieurs armées presque sans coup férir, j'ai entamé hier l'armée de Schwartzenberg, que j'espère détruire avant qu'elle ait repassé nos frontières. Vous devez tout faire pour la paix ; mais mon intention est que vous ne signiez rien sans mon ordre, parce que seul je connais ma position. En général, je ne désire qu'une paix solide et honorable ; elle ne peut être telle que sur les bases de Francfort. » Le lendemain, il écrit au prince Eugène : « J'ai détruit l'armée de Silésie, composée de Russes et de Prussiens : j'ai commencé hier à battre Schwartzenberg, il est donc possible que nous puissions conserver l'Italie. » Il était si bien persuadé qu'il parviendrait lui seul à rejeter les étrangers au-delà des frontières de l'Empire, qu'il disait après la victoire de Nangis : « Je suis plus près de Vienne que mon beau-père ne l'est de Paris. »

Échec du congrès de Châtillon

Les Alliés se concertent, car le coup d'arrêt porté par les dernières initiatives de Napoléon les rend circonspects, et aussi parce que la question de l'avenir de la France après leur victoire n'est toujours pas l'objet d'un consensus, entre ceux qui veulent restaurer les Bourbons (Britanniques, Russes, etc.) et les Autrichiens qui cherchent à imposer une régence autrichienne au nom du fils de Napoléon, petit-fils de l'empereur d'Autriche. Le 8 mars, un traité d'alliance (antidaté du 1er mars) est conclu à Chaumont entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, et le Royaume-Uni par lequel chacune des puissances continentales s'engage de tenir en campagne une armée active de 150 000 hommes et à ne tenir aucune négociation séparée avec l'ennemi commun. Le Royaume-Uni, lui, fournit annuellement un subside de 120 millions de francs.

Fichier:Meissonier - 1814, Campagne de France.jpg

 1814, Campagne de France : après la bataille de Laon, Napoléon et son état-major derrière lui, de gauche à droite, Ney, Berthier, Flahaut (fils de Talleyrand); derrière Ney, tombant de fatigue, Drouot, et à sa gauche, Gourgaud[5],[6].

Des combats nombreux ont lieu dans les semaines suivantes, Blücher et Napoléon tentant de se déborder mutuellement sur la Marne, puis entre Soissons et Reims (le 13 mars). Le projet de Napoléon est de faire une jonction avec des troupes restées en Alsace et en Lorraine et de revenir ensuite attaquer par l'arrière les troupes alliées.

Cependant les négociations de Châtillon continuent : le 19 mars, le duc de Vicence, remet aux Alliés un contre-projet dans lequel Napoléon accepte le retour aux limites de l'ancienne France avec en plus la Savoie, Nice et l'île d'Elbe, et à condition que la couronne du royaume d'Italie, dont l'Adige formera la frontière du côté de l'Autriche, sera donnée au prince Eugène, et aussi avec la réserve que les principautés de Lucques, de Neuchâtel, le grand duché de Berg retourneront aux titulaires qui en étaient précédemment investis. Ce contre-projet est rejeté, les Alliés considérant que la France demeurerait trop puissante[7]. Le congrès de Châtillon, dont les négociations évoluèrent constamment en fonction des succès fluctuants des uns et des autres, prend fin le 19 mars.

Bataille de Fère-Champenoise

Le 20, Napoléon est à Arcis, qu'il veut traverser pour se diriger sur Bar-sur-Aube avec environ 30 000 hommes, mais il est bloqué par l'armée de Schwarzenberg, forte de 100 000 combattants. Une longue bataille s'engage qui dure jusqu'au lendemain et force Napoléon à faire retraite vers Vitry-le-François, puis le 23, vers Saint-Dizier ; le même jour s'opère dans les plaines de Châlons la réunion des armées de Blücher et de Schwartzenberg.

Le 24, les Alliés décident d'attaquer directement Paris, car ils ont intercepté le plan de Napoléon (passer vers l'est pour revenir ensuite) et surtout une lettre de Savary qui, resté à Paris, écrit à Napoléon que Paris ne lui est plus totalement acquise.

Fichier:Battle of La Fere-Champenoise by Timm.jpg

La bataille de Fère-Champenoise

Le 25, les maréchaux Mortier et Marmont sont battus à Fère-Champenoise. La route de Paris est ouverte pour Schwarzenberg. L'armée de Silésie et la grande armée des alliés se mettent, sur trois colonnes, en pleine marche sur Paris, par la rive droite de la Marne, qu'elles passent à Trilport, Meaux et Lagny malgré quelques combats retardateurs qui auront encore lieu comme à Claye et Villeparisis. L’empereur de Russie et le roi de Prusse portent leur quartier général à Bondy. Le 28 mars, Napoléon abandonne son plan et décide de retourner vers Paris après avoir reçu une lettre de Lavalette (directeur des Postes) déclarant « La présence de l'Empereur est nécessaire s'il veut empêcher que sa capitale soit livrée à l'ennemi ».              

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