Les Adieux de son fils Dominique au Général

 En tant que fils aîné, j’ai accepté bien volontiers l’honneur de vous dire en quelques mots le souvenir nous garderons de Papa.

 Il a été un mari, un père et un grand-père que nous avons partagé avec une maîtresse possessive et souvent présente dans sa vie et par conséquent dans la nôtre, la Légion.

 Son cœur a été assez grand pour vivre une autre passion, celle de la Corse qu’il a découverte au début des années 60. Par son souhait ultime que ses cendres y soient dispersées, il marque définitivement son attachement à cette île magnifique.

 Comme vous le savez, sa carrière militaire s’est achevée à Lyon où il a enfin décidé de poser son sac pour profiter d’une retraite sans nul doute bien méritée. Mais si pour certains, retraite signifie farniente et repos, dans le cas de Papa il faudra bien trouver un autre terme.

A Lyon, il a continué a avoir une vie sociale intense à laquelle il associé Maman et a œuvré en particulier, avec l’énergie que nous lui connaissons, au développement de l’amicale Légion. Ces dernières années, avec ses camarades de la FARAC, il a aussi mis sa passion pour l’histoire militaire au service de la mémoire de ceux qui n’ont compté ni leur sueur ni leur sang pour défendre la Nation et à qui il trouvait normal de rendre hommage.

Exigeant mais juste. Nous ses enfants n’étions pas peu fiers lorsqu’il nous arrivait de rencontrer d’anciens légionnaires qui l’avaient eu pour chef et qui employaient ces qualificatifs à son égard. Cela nous consolait aussi un peu de savoir que nous n’étions pas les seuls à avoir essuyé ses orages et goûté de son pied aux fesses. Mais avec lui le ciel bleu revenait aussitôt et l’ardoise était effacée.

Fidèle en amitié. Il a gardé autour de lui plusieurs cercles d’amis dont les plus anciens remontent à ses années d’Ecole Militaire ou lorsqu’il était chef de section. Pierre-Yves, Lucien, Nono, Jacques, Bernard et compagnie s’y reconnaîtront.

Les amitiés corses et lyonnaises sont un peu plus récentes mais tout aussi solides. De part et d’autre, au début on ne se livrait pas facilement mais ensuite les liens n’en étaient que plus forts et plus sincères.

Un caractère entier qui pensait que tout n‘était pas égal à tout et que des choix clairs doivent être faits même si cela mène parfois à des prises de position tranchées et périlleuses.

Le sens de la famille. Avec Maman, il a su créer un socle solide qui résistera sûrement à sa disparition.

Partout où cela a été possible, nous l’avons suivi et il nous a permis de vivre une jeunesse riche d’expériences et d’aventures tout au long de ses affectations, en particulier à SAÏDA, CORTE, AUBAGNE, BONIFACIO, DIEGO-SUAREZ et KOUROU.

Papa, je te remercie au nom de la famille et de tes amis pour tous les moments de bonheur que nous te devons et soit certain que tu resteras longtemps et avec force présent dans notre esprit.

Dominique Girard