Bernard TRAUT

                            MEMOIRE et TEMOIGNAGE d'un ANCIEN de la  5ème Cie du II/94° R.I 

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Bernard et Yvette TRAUT Bernard TRAUT - 1958

PREAMBULE

REFLEXION D’UN COMBATTANT A PROPOS DE

La 5ème Compagnie COMMANDO L134 du 2/94 R.I.

STATIONNE DANS LES AURES

La 5ème compagnie était stationnée à Baiou dans les AURES près de Batna, le poste était occupé par la CCAS et la 5ème compagnie. Le service et l’administration était assuré par la CCAS et par conséquent la 5ème compagnie s’occupait des « opérations de maintien de l’ordre » et devenait ainsi une véritable unité d’intervention et de combat.

Pour faire un bon soldat combattant il faut réunir certaines conditions : un bon encadrement créer de la confiance et de la solidarité, exiger à tous les niveaux de la rigueur et de la discipline. La résultante est un état d’esprit irréprochable un respect mutuel quel que soit le grade.

Dès son arrivée le soldat est pris en charge, il faut le mettre en confiance. On lui explique le fonctionnement et la vie au quotidien de la section et de la compagnie. Mais le principale reste la formation au combat : les anciens lui expliquent alors les procédures à suivre suivant les situations rencontrées. Lors d’une première sortie de nuit on lui apprend à marcher en respectant une distance de sécurité ( 3 à 4 mètres ) entre 2 hommes , à faire le moins de bruit possible en marchant. Le but à atteindre est  de le mettre en confiance en l’encadrant et le rassurant c’est a ce moment la que le sentiment d’appartenance au groupe en tant que qu’unité indivisible apparait et que le soldat se fait accepter au sein de son unité .

Dès lors et pris en charge par les anciens ; les opérations se suivent et leurs dangerosités augmentent. Le premier accrochage survient brutal et stressant et on apprend à dominer sa peur. Toujours encadrer par des anciens le bleu a souvent peur de mal faire mais le groupe est la pour le recadrer et « débriefer » son action lors de chaque opération en lui donnant confiance sur ce qu’il fait de positif et en le recadrant sur les points négatifs mais en le rassurant . Le combat et le feu ne s’apprennent que dans des conditions réelles sous encadrement de militaires de métiers ayant un vécue significatif au combat.

On peut noter que le mélange entre soldats de métiers et appelés ne se fait pas sentir. Les officiers et les sous officiers veillent a ce que tous le monde soit sur le même pied d’égalité

Les bases d’une compagnie d’intervention efficaces sont posées et la 5ème Compagnie est reconnue  et utilisé uniquement sur les théâtres d’opération nécessitant un engagement au combat.

Peu à peu sa réputation se fait  au point de devenir une compagnie de référence  et une unité d’élite par son engagement  en opération. Stationné à BAIOU lors de mon arrivée (06/58) la 5ème compagnie déménagea  à la ferme MARTIN à Edgar QUINET et enfin à AIN MIMOUN en suite au massacre de 5 militaires du rang à AIN MIMOUN (vers 01/59). C’est en juin 1959 que la 5ème compagnie devint commando de chasse.

Ce passage de compagnie à COMMANDO DE CHASSE a son importance car l’équipement change et se compose de : tenue camouflée, casquette, une veste fourrée bleu , une djellaba, une paire de rangers, un sac de couchage étanche, un pantalon en tissu épais pour l’hiver. L’armement aussi a été amélioré  par le passage au MAS 49 et MAS 56, qui était en même temps lance grenade et équipé d’une baïonnette-poignard ainsi que des grenades incendiaires au phosphore (utilisé pour débusquer les fellagas dans les grottes). Dans certaines opérations le lance roquette a été utilisé mais très rarement et ponctuellement. On a également gardé le F.M. 24/29,  la CARABINE U.S. et le P.M. 49 en opération.

Les commandos de chasse ont été engagés et utilisés très souvent, comme le veut leur vocation, au  combat mais aussi pour débusquer les fellagas de leur tanière  et repères et également dans la quête d’informations vitales à la poursuite de leur mission. De ce fait est née une réputation véhiculée dans certains medias (TV et livre  et revue pro FLN) cette réputation peu flatteuse (violeurs voleurs assassins et tortionnaires) personnellement je ne l’ai pas vécue néanmoins j’ai été l’auditeur attentif de certains récits d’exactions résultantes de vengeances suites à la perte d’un ou plusieurs camarades. Dans ces situations il est impossible à tout être humain quel qui soit de résister a l’envie  de  vengeance de haine et de mort qui émerge à l’intérieur de soi (C’est du vécu…).

Ce sont des états et des sentiments qui naissent qu'à l'occasion d'événements exceptionnels dans leurs intensités et tout ceux qui ne les ont pas vécues ne peuvent pas comprendre ni en parler. Mettre des mots et des phrases pour expliquer cela est vain. Seul le vécu est témoin de ce qu’un homme peut subir de transformation et révéler certains instincts primitifs bestiaux. A fortiori nous n’étions pas des héros juste une bande de jeunes (appelés) qui se sont retrouvés dans des situations dramatiques de guérillas qui ont eut des réactions de combattants grâce à la solidarité, au courage, à la rigueur et à la discipline de chaque section commando.

                                                                 Bernard TRAUT

Suite des Témoignages ci-dessous

                                    

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