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Les Adieux au 94° R.I

PREFACE et AVANT-PROPOS

PRÉFACE

Cet historique, écrit au lendemain même de la guerre par un ancien du Régiment, ne veut et ne peut être qu’un simple cadre.

Mais c’est le cadre d’une épopée unique, dont les tableaux successifs portent des noms auréolés d’une gloire impérissable, tous les plus grands noms de la guerre mondiale. Pour tous ceux qui ont vécu cette épopée grandiose de « La Garde », qui ont eu l’honneur de l’écrire, c’est un cadre particulièrement émouvant, puisqu’il est peuplé de leurs souvenirs, de leurs souffrances et de leurs fiertés.

C’est le cadre où se sont épanouis, avec un éclat incomparable, tous les plus nobles sentiments qui puissent élever l’être humain au-dessus de lui-même, dans le don complet, absolu à son pays, à son foyer, à ses compagnons, à ses Chefs.

C’est le cadre du sacrifice sublime de plus de cinq mille des nôtres.

Il est donc dédié à ceux qui ont la religion du souvenir, le culte de tous nos chers Morts, l’amour de tout ce qui est noble, beau, désintéressé.

En remerciant l’auteur de ce premier monument élevé à la gloire des morts et vivants de « La Garde » qu’il me soit permis d’adresser, une fois de plus, à tous les Héros de l’épopée, à tous ceux qui furent « mes enfants », le tribut de ma gratitude et de mon admiration.

Lieutenant-Colonel DÉTRIE.

AVANT-PROPOS

Le 13 janvier 1918, le Lieutenant-Colonel Détrie, promu Officier de la Légion d'Honneur, adressait au Régiment l'ordre suivant:

  AUX OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS DE «LA GARDE »

Mes chers Compagnons d’armes,

Je dois à la valeur que vous n’avez cessé d’affirmer au cours de ces longs mois d’une lutte opiniâtre, la très belle distinction qui vient de m’être conférée.

Elle n’est pour moi que la récompense de vos glorieux succès de la Somme, de l’Aisne, de Verdun, et le témoignage de tous les sacrifices que vous avez consentis, que vous consentez chaque jour encore, d’un coeur si généreux, pour le Pays !

C’est vous dire q u e je porterai cette rosette, non seulement avec une incomparable fierté et avec la plus grande joie, mais surtout avec un sentiment de profonde gratitude pour vous tous, mes chers col1aborateurs.

Que chacun de vous trouve ici mon merci le plus chaleureux.

Vive La Garde !

Le II décembre 1918, le Chef de Bataillon Bouchacourt, successivement Adjudant-Major, Commandant de Bataillon et adjoint au Chef de Corps, fit rendre les honneurs au passage de la frontière de la Lorraine délivrée et prononça l'allocution suivante:

OFFICIERS, SOUS-OFFICIERS, CAPORAUX ET SOLDATS DE "LA GARDE"»

« Aujourd’hui, est une journée qui doit marquer dans votre vie, car, dans toute l’Histoire de France, il ne fut jamais donné à un soldat français d’en vivre une plus belle.

Souvenez-vous que, depuis quarante-sept ans, cette frontière, qui est là devant nous, était un obstacle infranchissable pour un Régiment français.

Souvenez-vous, ceux qui ont habité les régions de l’Est, des jours où nous venions, des larmes dans les yeux, contempler de loin ce lambeau de la Patrie qui nous avait été arraché et qui nous était interdit.

Souvenez-vous que, de l’autre côté, nos frères opprimés par une tyrannie étrangère de près d’un demi-siècle, criaient vers vous, désespérant presque de redevenir jamais Français et de retrouver la liberté.

Souvenez-vous de nos parents morts depuis 70. Souvenez-vous de ceux qui sont tombés pendant cette guerre, avec le regret infini de n’avoir pas vu ce que nous voyons aujourd’hui.

Souvenez-vous qu’ici était un mur, arrêtant net la France mutilée.

Ce mur, vous l’avez renversé ! Soyez en fiers ! Non pas certes d’un orgueil individuel, mais d’un orgueil collectif légitime. Nul n’aurait pu se passer des autres. Nos Chefs nous ont conduit à la victoire; mais sans nous, sans l’héroïsme de la troupe, ils n’auraient pu vaincre : chacun a fait sa tâche. Et c’est parce que chacun d’entre nous, à sa place, a accompli son devoir, que nous avons mérité que l’Histoire de France fasse à notre génération une place particulièrement glorieuse.

La postérité proclamera que nous avons repoussé un choc formidable et que, non seulement nous avons sauvé la Patrie d’un joug nouveau, mais que nous avons brisé le joug ancien.

La blessure qui saignait depuis quarante-sept ans est aujourd’hui cicatrisée. Nous ne sommes plus des vaincus : grâce à vous, les Armées françaises ont retrouvé la victoire.

Le geste que nous allons faire en est la démonstration indiscutable.

Avant de faire ce geste, avant de franchir musique en tête l’ancienne frontière, avant même d’y faire passer notre Drapeau le premier, nous allons saluer comme autrefois, une dernière fois d’ici, l’Alsace-Lorraine.

Et puis, quand notre Drapeau aura passé de l’autre côté, alors, en le saluant, nous saluerons le rêve enfin réalisé: les couleurs françaises flottent sur le territoire de l’Alsace-Lorraine reconquise ! »

Ces deux adresses du Colonel et de son adjoint, qui ont le plus longtemps conduit glorieusement le Régiment, partagé nos souffrances, compati à nos douleurs, exalté nos espoirs et récompensé nos efforts, nous montrent, dans toute sa force, l’esprit de Corps de « La Garde » L’amour de tous pour « La Garde »  fut toujours profond parce qu’il fut fait d’une parfaite solidarité à tous les échelons, d’une confiance réciproque entre Chefs et soldats.

Puisse ce bref historique, qui ne pouvait avoir meilleur préambule, rappeler aux « anciens » la vie si mouvementée du Régiment, l’effort soutenu dans cette lutte épique, en leur donnant un cadre à leurs souvenirs personnels, souvent tragiques, parfois gais ou pittoresques. Quelques noms de héros indiscutés leur permettront de ne pas oublier les camarades tombés au Champ d’Honneur, victimes de la barbarie allemande.

Puisse-t-il aussi frapper l’imagination de nos jeunes camarades, leur faire aimer notre beau Régiment, placer devant leurs yeux l’exemple de quelques hauts faits (ils furent légion) pour qu’ils  s’instruisent avec la foi, le désir d’imiter leurs « anciens » s’il en était besoin et les empêcher d’oublier l’horreur de cette guerre terrible et le crime d’un ennemi qui doit à jamais en supporter la responsabilité  devant le Monde.

                                                                                                                 M. R.

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