L'HONNEUR DE CHEFS DANS LE RESPECT DE LA PAROLE DONNEE
Nous sommes redevables au Général de Corps d'Armée Claude ASCENSI (2 S) d'un texte précis et documenté sur l'histoire peu commune de la Harka 8
Tous les collectionneurs connaissent l'insigne de la Harka 8, seul insigne de la guerre d'Algérie ayant porté, à ma connaissance, l'inscription "Algérie française". Notre ami Cyril Edmond-Blanc lui a consacré un article dans le bulletin de "Symboles et Traditions" n°16 de 19641. C'est sur la deuxième partie de cet article qui relate la fin de la Harka 8 que je voudrais revenir aujourd'hui pour y apporter d'importants correctifs. Rappelons d'abord ce qu'était cette unité. En 1959, lors du départ de cette unité pour Bougie, la Harka 8 est affectée au 2ème bataillon du 94° Régiment d'infanterie commandé par le colonel Parisot qui cumule ses fonctions de chef de corps avec celles de commandant du secteur de Kenchela.
Le commandant du II/94° RI décide alors, sans en avertir le capitaine Nouzille, de faire récupérer cet armement en intervenant personnellement avec des soldats de souche européenne, appuyés par la section de half-tracks. Il s'agit de saisir 46 armes de guerre et de chasse (2 FM, 19 PM, 22 fusils de guerre, 2 fusils de chasse et une carabine). Ces armes prises à l'ennemi n'ont pas été déclarées par le chef de harka pour, selon ses déclarations, "pouvoir être utilisées dans des opérations risquées au cours desquelles des armes en dotation réglementaire auraient pu être perdues". Elles sont à ajouter au bilan de la harka signalé ci-dessus. Après une discussion – que l'on peut imaginer orageuse – entre le capitaine Nouzille et son chef de bataillon, une petite partie de cet armement est laissée à la harka, mais l'essentiel est saisi sur le champ.
La plupart des familles décident de suivre ce conseil et sont embarquées le soir même dans une vingtaine de camions bâchés dont les bancs centraux ont été démontés pour permettre de loger le maximum de personnes. Ils seront escortés par la section de half-tracks commandée par le sous-lieutenant de réserve Jean-Claude Poulain. A la tombée de la nuit, le convoi rejoint Kenchela ou d'autres harkis du secteur ont été déjà rassemblés. Le 13 juin, à 03h00 du matin, un important convoi, accompagné de blindés, quitte Kenchela en direction de Bône. Vers 10h00, en traversant Le Khroub, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Constantine, de violents incidents éclatent avec la population locale qui insulte les harkis et les menace de haches et d'armes blanches. Une grenade défensive est lancée dans l'avant dernier camion, tuant le caporal Serhani Abdallah ben Abdelhafid et l'un de ses fils, Ahmed, âgé de 13 ans. Les deux derniers véhicules du convoi et le blindé de queue sont bloqués par la foule qui veut lyncher les harkis et leurs familles. Un avion de combat vient survoler Le Khroub, ce qui débloque la situation et permet à une ambulance militaire française accompagnée de blindés de récupérer les victimes pour les évacuer sur l'hôpital militaire de Constantine. L'avion et les blindés accompagnent le convoi jusqu'à sa destination. A leur arrivée à Bône, les harkis et leurs familles sont installés sur la plage, puis conduits, avec une forte escorte, jusqu'au port où ils embarquent sur un bâtiment de guerre.
(1) Article que l'on peut consulter sur notre site, partie "accès réservé". (2) Après la seconde Guerre Mondiale, le lieutenant Wrenacre s'installe au Moyen-Orient avant de reprendre du service à titre étranger au début de la guerre d'Algérie. Affecté au II/13° DBLE, il est désigné pour commander la Harka 8. Muté au 1° Régiment étranger à compter du 1er janvier 1960, il quitte la Légion étrangère pour participer à l'encadrement de la gendarmerie katangaise en rébellion contre le pouvoir central au cours des événements qui ont suivi l'indépendance du Congo belge. Le lieutenant Wrenacre sera tué par ses hommes dans des circonstances tragiques au nord d'Elizabethville (Lubumbashi) (3) Il appartient à la 2° Promotion, celle de 1942, portant le nom de "Bir-Hakeim". (4) Selon le colonel Nouzille, cette rumeur, comme d'autres, aurait été diffusée par un officier appartenant à la harka n° 42 de Foum-Toub. Elle a été reprise dans plusieurs ouvrages et articles de presse. (5) Le colonel Nouzille, historien, docteur d'Etat, était un spécialiste reconnu des Balkans auxquels il a consacré de nombreux ouvrages qui font référence. (6) Le 94° RI était le régiment de tradition de Bar-le-Duc. On y trouve, entre autres, le boulevard du 94° RI et le monument aux morts du 94. En 1993, à la dissolution du régiment, la mairie a consacré une de ses salles au souvenir du régiment. En 2008, le Centre d'entraînement au combat en zone urbaine (CENZUB), installé au camp de Sissonne, a repris les traditions du régiment et la mairie lui a confié les souvenirs qu'elle détenait, dont la plaque du colonel Parisot. Cette plaque de marbre comporte: ''La GARDE'' - 1962 - Refusant la honte de l'abandon prescrit , le Capitaine Jean Nouzille a sauvé nos Harkis des Aurès.'' PS_ En faisant une mise à jour du site, j'ai eu à connaître ce témoignage concernant le 2/94° RI et tout particulièrement l'attachement que nous avions avec nos Harkis. Je pense que ce témoignage ne peut qu'appuyer l'esprit dans lequel a été conçu ce site sous l'impulsion de notre ancien Capitaine du L 134 le Général Claude GIRARD. Il a fait ce qui était en son pouvoir d'informer les Harkis de Aïn Mimoun et de les laisser armés et leur donnant argent et vivres. |
---> page d'accueil