32 - Les adieux et le retour

 Première abdication de Napoléon et retour de Louis XVIII   

  Beaucoup de lassitude et une fin qui laisse  bien des regrets

Le 31 mars vers 19h, une réunion regroupant le Tsar, le roi de Prusse, le prince Schwarzenberg, le prince de Liechtenstein, le comte de Nesselrode, Pozzo di Borgo, ainsi que le Prince Talleyrand, le Duc de Dalberg, le baron Louis, le général Dessolle et l'abbé de Pradt, se tint dans le salon principal de l'Hôtel Talleyrand, afin de discuter de l'avenir de la France. Le Tsar, libéral, est d'avis d'examiner toutes les possibilités, république, régence de Marie-Louise ou encore retour à la monarchie. C'est donc à la suite de cette entrevue que fut affichée dans Paris la déclaration du Tsar Alexandre dans laquelle les souverains proclament qu'ils ne traiteront plus avec Napoléon Bonaparte ni aucun membre de sa famille et que, selon le souhait émis par Talleyrand, et partagé par les autres plénipotentiaires, la monarchie serait rétablie en France. Le lendemain, le 1er avril 1814, Talleyrand demande donc au Sénat de mettre en place un gouvernement provisoire, dont il assumera lui-même la présidence en attendant le retour de Louis XVIII, alors en Angleterre, et de faire ratifier ce gouvernement par le Conseil général et le Conseil municipal de Paris, afin de montrer l'approbation du peuple français.

 Napoléon quant à lui, toujours installé à Fontainebleau avec 60 000 hommes, tente, par l'intermédiaire de Caulaincourt, de négocier avec le Tsar. Or ce-dernier refuse catégoriquement, afin de respecter l'accord passé avec ses alliés, bien qu'il ne dise éprouver aucune animosité à l'égard de l'empereur déchu. Napoléon doit alors abdiquer le 4 avril, en faveur de son fils (Napoléon II) et de Marie-Louise. Mais là encore, il se heurte au veto du Tsar. Napoléon est alors obligé de renoncer au trône, lui ainsi que ses enfants, et contraint à l’exil sur l'île d'Elbe, au large de la Toscane. Il fit donc ses adieux à ses soldats le 20 avril, dans la cour du château de Fontainebleau.

De son côté, Louis XVIII débarqua à Calais le 24 avril et arriva à Paris le 3 mai. Pourtant il est loin de susciter autant de respect et d'admiration auprès des Parisiens qu'Alexandre, qui d'ailleurs préférait la France libérale de Napoléon à la France monarchique des Bourbons. De plus, il perçoit son retour au pouvoir comme chose due, si bien qu'il consent péniblement à garder le drapeau tricolore et la Constitution.

Une fois assurés du maintien de Louis XVIII sur le trône, bien que celui-ci commence à se discréditer aux yeux de l'opinion publique, les Alliés quittent Paris dès le 3 juin, date du départ du Tsar. Les troupes regagnent d'autres bases en France ou rentrent au pays, comme les diplomates et les dirigeants. Ces derniers repartiront plus tard pour Vienne, où le congrès sur l'avenir de l'Europe se tiendra, à partir du 1er novembre.

La reddition de Paris, et le refus de combattre des généraux qui l'accompagnent, décident Napoléon à abdiquer à Fontainebleau le 6 avril.

Le même jour, à Fontainebleau, Ney, Lefebvre, Berthier, Oudinot, Moncey et Macdonald refusent directement à Napoléon de continuer les combats. Ce dernier signe une abdication conditionnelle, sous réserve des droits de son fils et de sa femme.

Beaucoup de stratèges considèrent la campagne de France comme la meilleure des campagnes de Napoléon, avec la première campagne d’Italie.

Il est, par la suite, déchu par le Sénat le 3 avril et exilé à l’île d’Elbe, selon le traité de Fontainebleau signé le 11 avril, cons.ervant le titre d’Empereur mais ne régnant que sur cette petite île

Le 14 avril 1814, Napoléon signe le Traité de Fontainebleau, conclu le 6 avril, à Paris, entre les maréchaux Ney, Macdonald, le général Caulaincourt, ses plénipotentiaires, et les ministres d’Autriche, de Russie et de Prusse.

L'ABDIQUATION DE NAPOLEON

 Le 6 avril 1814, Napoléon signe son abdication sans condition. La journée commence par une revue de troupes. Après la revue se tient un conseil de guerre, dans lequel Napoléon, énumérant les ressources dont il peut disposer, prône la reprise des hostilités, car, outre les 50 000 hommes qui sont sous sa main, restent sur le pied de guerre l'armée de Soult, qui est à Toulouse (mais face à une importante armée britanno-hispano-portugaise), celle de Suchet, qui est en Catalogne (idem), celle d'Augereau, dans les Cévennes, du prince Eugène, en Italie, celle du général Maison, dans la Flandre, ainsi que sur les nombreuses garnisons de frontière. Il constate que personne ne souhaite continuer. Il signe alors l'acte d'abdication :

 « Les puissances alliées ayant proclamé que l'empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l'empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu'il renonce, pour lui et ses héritiers, aux couronnes de France et d'Italie, et qu'il n'est aucun sacrifice personnel, même celui de la vie, qu'il ne soit prêt à faire à l'intérêt de la France. »

 Il refuse par contre de souscrire au traité de Paris, par lequel ses plénipotentiaires viennent de conclure un armistice avec les alliés.

 Le 11 avril, Caulaincourt et Macdonald signent à Paris une convention donnant à Napoléon la souveraineté de l'île d'Elbe et lui garantissant une rente de deux millions de francs par an, ainsi que le duché de Parme pour son épouse Marie-Louise avec une garantie de succession pour son fils.

 Le 12 avril, Monsieur, comte d'Artois, frère du roi, fait son entrée solennelle dans Paris.

 Dans la nuit du 12 au 13, Napoléon tente de s'empoisonner.

 Le 13, Napoléon signe le traité de Fontainebleau, c'est-à-dire la convention faite le 11 à Paris, par laquelle il abdique.

 L'armée de Soult, qui poursuit les combats dans le sud-ouest de la France, est battue à Toulouse le 10 avril par Wellington.

Tout ce que peuvent le génie et l'intrépidité, Napoléon l'avait tenté.

Obligé de céder la route de Paris à l'invasion étrangère, il avait habilement modifié son plan de campagne ; et, si la trahison ne fût pas venue à leur secours, dit un écrivain anglais, les alliés se trouvaient dans un cercle vicieux d'où il leur était impossible de se tirer : elle fut consommée au moment où les succès de Napoléon semblaient hors du pouvoir de la fortune ; et le mouvement de Saint Dizier, qui devait lui, assurer l'empire, lui fit perdre la couronne.

Après cette renonciation, qui anéantissait non seulement ses droits personnels, mais encore ceux de son fils, de cet enfant couronné roi à sa naissance et salué des acclamations de l'Europe entière, Napoléon fut pris d'un découragement profond ; pour la première fois cette âme, inflexible devant tant de revers, se sentit impuissante sous le fardeau dont on l'accablait.

Un instant Napoléon voulut quitter la vie : dans la nuit du 12 au 13 avril, les longues galeries du château de Fontainebleau furent troublées d'un mouvement soudain ; les appartements intérieurs s'éclairèrent ; les valets de chambre et les garçons de service accoururent ; le maréchal Bertrand, le duc de Vicence, le duc de Bassano montèrent chez l'empereur et furent introduits dans sa chambre à coucher.

La cause de cette agitation resta d'abord inconnue ; plus tard seulement on sut, d'après un récit dont l'exactitude et l'impartialité n'ont pas été contestées, que Napoléon avait pris une forte dose d'opium que depuis la campagne de Russie il portait constamment sur lui.

Sa forte constitution résista à l'action du poison ; après une nuit de souffrances, les symptômes mortels disparurent, il fut sauvé, soit que la dose de poison fût trop insuffisante, soit que le temps en eût diminué l'action. Après cette passagère faiblesse, qui vint en quelque sorte prouver que le génie lui-même n'échappe pas aux angoisses humaines, Napoléon reprit toute son énergie :

"Dieu ne le veut pas !, s'écria t il "

et, avec une calme fermeté, il attendit sa destinée.. :

Les souverains alliés, maîtres de Paris et gardés par deux armées, dont les avant-postes cernaient Fontainebleau, redoutaient encore l'homme que l'Europe avait non pas vaincu, mais pour ainsi dire étouffé sous son poids.

Ce nom, qui seul valait une armée, retentissait incessamment à leurs oreilles ; au moindre mouvement, il leur semblait que l'empereur allait sortir triomphant de Fontainebleau et rentrer dans sa capitale.

Dès que le traité du 11 avril 1814, qui stipulait sur le sort de Bonaparte et de sa famille, fut ratifié, le souverain déchu reçut l'ordre d'abandonner la France.

Le 20 avril 1814, à une heure, Napoléon, accompagné de quelques fidèles officiers, parut au haut de l'escalier d'honneur dans la grande cour du palais de Fontainebleau.

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Les adieux de Fontainebleau

A son aspect les tambours battirent aux champs, on présenta les armes ; on lui rendit avec un respect encore plus profond tous les Honneurs qu'il eût reçus aux Tuileries lorsqu'il y commandait en maître.

Pour ces soldats dévoués, malgré sa défaite, malgré, l'abdication cet homme était toujours l'empereur, le chef qui les avait conduits à Arcole, à Marengo, à Austerlitz, à Wagram, à la Moskowa, partout enfin où il y avait eu de la gloire à acquérir.

Napoléon descendit J'escalier, s'avança vers la garde, fit signe qu'il voulait parler, et alors il adressa à ses soldats auxquels l'unissaient vingt années de victoires ces touchants adieux dont éternellement l'histoire gardera le souvenir

"Soldats de ma vieille garde, dit Napoléon, dont les paroles retentissent dans un silence religieux, je vous fais mes adieux !

Depuis vingt ans je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l'honneur et de la gloire.

Dans ces derniers temps, comme dans ceux de ma prospérité, vous n'avez cessé d'être des modèles de bravoure et de fidélité.

Toutes les puissances de l'Europe se sont armées contre moi, quelques uns de mes généraux ont trahi leur devoir, et la France elle-même a voulu d'autres destinées.

Avec des hommes tels que vous, notre cause n'était pas perdue ; mais la guerre eût été interminable.

C'eût été la guerre civile, et la France eût été malheureuse ; j'ai donc sacrifié tous nos intérêts à ceux de notre chère patrie : je pars.

Vous, mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée, il sera toujours l'objet de mes voeux ! Ne plaignez pas mon sort. Si j'ai consenti à me survivre, c'est pour servir encore à votre gloire ; je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble. Adieu, mes enfants ; je voudrais vous presser tous sur mon coeur, que j'embrasse au moins votre drapeau !"

Le général Petit s'approche alors, Napoléon le serre dans ses bras ; puis, saisissant l'immortel étendard de la garde, il baise avec émotion le drapeau tricolore, déjà proscrit en France.

La douleur qui troublait le coeur de tous ces soldats, des sanglots étouffés interrompent seuls le silence de cette scène d'une grandeur si naturelle.

Enfin Napoléon sur monte son émotion :

"Ha, chère aigle ! puisse le baiser que je te donne retentir dans la postérité ! ... Adieu encore une fois, mes vieux compagnons ! que ce dernier baiser passe dans vos cœurs !"

Il s'arrache aux serviteurs, on peut dire aux amis qui l'entourent, s'élance dans la voiture où l'attend déjà le général Bertrand, et part pour l'île d'Elbe, que les souverains alliés lui avaient désignée comme résidence.

L'empire, cette époque resplendissante de tant de gloire était fini ; l'Europe avait enfin triomphé de l'homme des destins, du héros de l'histoire moderne, dont les grandes actions rappellent invinciblement à la mémoire Alexandre, César, Charlemagne : le représentant de la révolution parmi les royautés européennes, le souverain qui avait rempli le monde du bruit de son nom et de celui de la France, à peine gardé par une faible escorte, traversait en prisonnier cette contrée où tout s'agitait naguère à son moindre geste, et marchait vers l'exil.

  LE  RETOUR  

Les cent jours

En France, Louis XVIII écarte « Napoléon II » et prend le pouvoir. Napoléon s’inquiète du sort de sa femme et surtout de son fils qui est aux mains des Autrichiens. Le gouvernement royaliste refuse bientôt de lui verser la pension promise et des rumeurs circulent quant à sa déportation vers une petite île de l’océan Atlantique sud. Napoléon décide donc de retourner sur le continent pour reprendre le pouvoir.

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Le départ de l'île d'Elbe

La Route Napoléon et le « Vol de l’Aigle »

Le 1er mars 1815: Débarqués à Golfe-Juan, Napoléon et sa petite troupe gagnent Cannes où ils arrivent tard et d’où ils repartent tôt.  La Route Napoléon et le « Vol de l’Aigle »

Le 1er mars 1815: Débarqués à Golfe-Juan, Napoléon et sa petite troupe gagnent Cannes où ils arrivent tard et d’où ils repartent tôt. 

Le 2 mars : Voulant éviter la voie du Rhône qu’il sait hostile, Napoléon fait prendre alors la route de Grasse pour gagner, par les Alpes, la vallée de la Durance.

 3 mars : Après une nuit de repos, la troupe gagne Castellane ; dans l’après-midi, elle atteint Barrême.  Au-delà de Grasse, la colonne s’engage dans de mauvais chemins muletiers et s’arrête à Saint-Vallier, Escragnolles, et Séranon.

4 mars : Napoléon trouve à Digne la route carrossable et fait étape le soir au château de Malijai, attendant avec impatience des nouvelles de Sisteron dont la citadelle, commandant le passage étroit de la Durance, peut lui barrer la route.

5 mars : Sisteron n’est pas gardée et Napoléon y déjeune, puis quitte la localité dans une atmosphère de sympathie naissante. Le soir, il arrive à Gap et y reçoit un accueil enthousiaste.

6 mars : Il couche à Corps.

7 mars : Il gagne la Mure, puis trouve en face de lui, à Laffrey, des troupes envoyées de Grenoble. C’est ici que se situe l’épisode fameux que commémore aujourd’hui un monument dans la « prairie de la Rencontre ». Le soir même, Napoléon fait son entrée à Grenoble aux cris de « Vive l’Empereur ».

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Les armées envoyées pour l’arrêter l’accueillent en héros partout sur la route qui porte aujourd'hui son nom.

Le maréchal Ney, qui avait juré à Louis XVIII de lui ramener Bonaparte dans une cage de fer, s’incline devant son ancien souverain, ce qui lui vaudra d’être le seul maréchal exécuté pour trahison lors de la Seconde Restauration.

 

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